C'est un matin froid et venteux à Inongo, la ville principale de la province de Mai-Ndombe. La plage située en face du bureau principal du projet REDD+ de Maï-Ndombe est une véritable ruche. Le personnel du projet Mai-Ndombe REDD+, les pêcheurs et les personnes occupées entourent une « petite dame » qui semble s'occuper de tout le monde à la fois. Elle sert des collations au groupe de clients qui ne cesse de s'agrandir. Cette situation semble ne pas avoir de fin, car les vagues règnent en maitre sur le lac Mai-Ndombe. Jusqu'à ce que les vagues s'arrêtent, personne n'ose s'aventurer dans le lac de peur de perdre la vie.
La petite marchande joviale de thé et de tout ce qui l'accompagne n'est autre que Jeanine Iyemebien 46 ans, originaire de la province, qui incarne l'impact que peut avoir sur la communauté le changement d'une conservation centrée sur la communauté.
Mariée très jeune, Jeanine Iyemebien ne connaissait rien d'autre que le travail dans les champs agricoles de son village et la dépendance de son mari pour ses besoins financiers. Le jeune couple a accueilli un garçon. Peu après la naissance de leur premier enfant, le mari de Jeanine a souffert d'une maladie mentale non révélée qui l'a conduit au transfèrement à Kinshasa pour une bonne prise en charge médicale.
Sans personne sur qui compter, Jeanine et son bébé ont décidé de s'installer dans la ville principale de la province, Inongo. Là, avec un bébé d'âge tendre sur le dos, elle a entrepris de vendre du thé chaud à la sauvette pour payer le loyer d'un modeste logement et d'autres nécessités. Elle obtient à peine assez d'argent pour survivre en raison du manque d'intérêt des habitants pour sa marchandise. Incapable d'assurer l'entretien de son fils, sa belle-mère a emmené le garçon loin, à Kinshasa.
Les choses se sont améliorées lorsqu'elle a entendu parler de la mise en œuvre d'un projet de conservation centré sur la communauté dont les locaux administratifs se trouvent dans la ville d’Inongo. Là-bas, Jeanine a trouvé la clientèle cible qui consommait du thé quotidiennement et en grande quantité. Les choses ne se sont pas arrêtées là. Le destin lui sourit lorsque elle rencontre Marilyn Elembe, responsable des questions de genre au sein du projet Mai-Ndombe REDD+. Celle-ci a remarqué sa dextérité, l’art de convaincre et son honnêteté en tant que vendeuse et l'a recrutée pour un rôle clé au service des communautés locales et peuples autochtones. Elle travaille désormais pour le projet Mai-Ndombe REDD+ en qualité de chargée de vente de tous les produits maraichers comme agricoles des groupes de femmes dénommés organisations de base, OB. Elle joue un rôle clé dans les initiatives d'autonomisation des femmes, car c'est à elle qu'incombe la tâche de se débarrasser des produits frais qui ont une courte durée de vie.
Après les ventes, Jeanine remet l'argent à Marilyn et toutes deux se rendent à la concession du projet pour remettre le produit des ventes aux bénéficiaires légitimes. Elle veille à ce que toutes les femmes, qu'elles soient célibataires ou mariées, puissent bénéficier du fruit de leur dur labeur dans le cadre du projet Mai-Ndombe REDD+.
« J'éprouve de la satisfaction à vendre tous les produits de la zone du projet, même si parfois les choses ne se passent pas comme prévu. Ma joie est de donner aux femmes la capacité de compter sur elles-mêmes pour faire vivre leurs familles respectives » Jeanine Iyemebien